Oui, on peut changer ce monde



Monter sur le train de marchandise qui traverse le Mexique jusqu'au Etats Unis, c'est comme partir à la guerre. On ne sait pas combien survivrons. Entre les accidents, ceux qui tomberont du train en marche amputés à cause de la vitesse et de la fatigue, ceux et celles qui mourront aux mains des braqueurs, ceux et celles qui survivront aux enlèvements massifs de « migrants » Veracruz, celles qui nourriront les réseaux de traite des femmes, celles qui seront violées et assassinées en chemin, ceux qui devront passer la frontière en pleine guerre du narco en passant de la drogue, ceux et celles qui mourront de froid, de faim... Certaines de ces personnes que j'ai approché, avec qui j'ai ri, mangé, chanter et joué aux cartes sont déjà condamné.es. D'autres passeront, repasseront la frontière et seront déporté.es et redéporté.es vers leurs pays en guerre.

Juan, pêcheur, 50 ans, Guatémaltèque

Parce que c'est de ça qu'il s'agit. La majorité des « migrants centre américains » sont des réfugié.es politique. Et ils, elles ont des droits qui ne sont respecté.es par personne. Et pourtant ils ; elles les ont. C'est incroyable que la communauté internationale ferme les yeux sur l'hécatombe que vivent des centaines de milliers de personnes en transit au Méxique vers le nord. Il s'agit, selon les données de la commission des droit de l'homme mexicaine, de 20 000 disparu.es tous les six mois (on ne ompte ici que les migrant.es) . La dictature argentine en compte 30 000... Comment est ce possible que les crimes et délits jouissent de 99 pour cnt d'impunité au Mexique quand toutes les forces de polices ne laissent aucune chance aux personnes fuyant la guerre des gangs et la misère de l'Amérique centrale en transit sur leur territoire ? La majorité de ces personnes sont des exilié.es politiques, ce ne sont pas des criminels !

 Raquel, 16 ans, Honduras
Albergue Hermanos en el camino, Ixtepec

Malgré cette infame réalite, je continue de penser que la vie est belle et qu'on peut changer ce monde. Le refuge « Hermanos en el camino » qu'a fondé le Père Solalinde (un autonome féministe ui ne se reconnaît en aucune église mais qui a choisi Jesus comme référend) en est la preuve. Oui, c'est possible, ilfaut s'approcher, dénoncer, diffuser, aider. Malgré la corruption, les intérêts économiques, les bénéfices de la traite de personnes, de la vente d'arme et du trafic de drogue ; le Droit international existe ! Chaque être humain a droit à une vie digne libre de violence. Les privilégié.es, nous ne plus faire les aveugles et continuer de penser que le monde est divisé en trois, que ce aui se passe au « tiers monde » n'a rien à voir avec les réalités que nous vivons dans le « premier monde ». C'est une question de temps, rien d'autre. Ce qui m'a surprise en m'approchant de ces gens en transit , c'est notre proximité. Celui ci ressemble à mon père, celui là à tel ami, celle la, ça pourrait être moi... Des gosses, des ados, des pêcheurs, des artisans, des fous de la moto, des diplômé.es, des féministes, des abandonné.es, des poursuivi.es, des chanteurs de rap chrétien...

 gamine, refuge de migrants, ixtepec

Nous ne pouvons pas attendre que les horreurs pérpétuées sr cette partie du monde s'étendent à la planète. C'est le même argent sale qui circule partout : nos entreprises, nos banques dépouilles les matières premières et les ressources de toute l'Amérique latine, nos gouvernements vendent des armes à des pays comme le Mexique tout en sachant qu'elles vont être réparties entre les pires truands les gangs, les polices les plus corrompues, les armées les plus sanguinaires. Nous consommons de la cocaïne et cela jusque dans les milieux militants !!! Des hommes de toutes classes et origines achètent les corps de femmes victimes de traites, nous achetons tous et toutes des produits à des multinationales, nous payons tous et toutes des intérêts à des banques criminelles.
Ce monde est le notre. Il est tel que nous le faisons. Nous sommes responsable de ce qui s'y passe, du pire comme du meilleur ; et cela ici comme ailleurs.

 descente du train; ixtepec


P'tit dej', refuge d'ixtepec

gosse 

David et Alejandro, bénévoles espagnols

Alejandro Solalinde, fondateur du refuge d'ixtepec, 70 ans, mexicain.


Départ

Edis, 15 ans, jeté à la rue par ses parents, Honduras


Arrivée au refuge, ixtepec

Caravane de mères de disparu.es

Journée internationale des migrants, ixtepec


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