Des frontières



 Les études, les voyages m'ont appris que la majorité des êtres humains souffrent des injustices les plus féroces.

Le Mexique est un pays où la violence exercée par l'Etat, l'armée, les paramilitaires, les polices, les gangs; mais aussi par un néolibéralisme féroce laissent peu de chance de vivre une vie digne à ses habitant.es. Les Etats Unis choisissent ses présidents tous plus corrompus les uns que les autres, imposent leur main mise sur toutes leurs matières premières, exploitent cette main d'oeuvre bon marché jusqu'à l'épuisement; ceci depuis le Panama jusqu'à la frontière mexicaine.
 Malheureusement ils ne sont pas seuls, l'Union Européenne et le Canada profitent également de cette misère et de cette zone de non droit en investissant sur les terres de toute l'Amérique latine afin d'en extraire toutes les richesses sans que les populations autochtones soient indemnisées.

  Les réseaux de traites de personnes fournissent cette chair à canon dont personne ne se soucie afin de remplir les banque d'organes, les bordels de frontières, les réseaux d'enfants esclaves et de travailleurs gratuits. Il n'y a, à l'heure actuelle, pas de système plus injuste et meurtrier que le néolibéralisme sauvage. Ce système économique fonctionne au détriment de milliers de vie, des morts de faim jusqu'aux assassiné.es par les paramilitaires contractés par les multinationales les plus criminelles afin de déloger les habitants qui s'opposeraient aux premières puissances mondiale.

Les voyages m'ont enseigné autre chose. Partout, les gens résistent. Même pied nus, même sans rien dans le ventre, même sans arme. Certains, certaines préservent ce qu'il leur reste de plus cher: leur liberté individuelle et collective. Partout, des gens merveilleux œuvrent pour qu'un autre monde voit le jour, un monde plus juste où tous et toutes subviennent à leur besoins dans le respect et l'égalité, sans écraser l'autre.

C'est de cette joie qu'est né le projet de jouer de la musique dans des centres de migrants et des refuges de femmes violentées. La joie, ça sauve la vie. Il faut la défendre, comme dit Benedetti, "comme un tranchée, comme un principe, comme un drapeau". C'est une façon de résister que m'ont enseigné les Latino américains, et surtout, les Mexicain.es. Partout où la mort montre son visage le plus cruel, il y aura une chanson, un sourire, un espoir, un baiser. On écrasera l'oubli et le silence avec la joie, avec l'espoir. Cette joie, cette empathie dont nous sommes tous et toutes capables est inébranlable. Elle permet de reconstruire le regard sur l'autre, de lui rendre toute sa dignité.

 Parce que souvent, on pense "le migrant", le "pauvre", la "femme violée", le "disparu" comme des entités propres et homogènes quand nous sommes tous et toutes susceptibles d'êtres des "migrants", des "pauvres", des"femmes violées", des "disparues". Chacune de ces catégories invisibilise une diversité d'histoires et de personnes déconcertante. Chacune de ces catégorie ne rend pas compte de la diversité et de la proximité de chaque personne qui la compose ni de la proximité de ces catégories entre elles. Elles présentent "l'autre" comme un sujet lointain et différent, crée de la division là où il faudrait créer des alliances.

In la kech disent les mayas: "je suis toi, tu es moi". C'est par là qu'il faut commencer. Ce monde est UN. Sa fausse division entre premier et "tiers mode" ne fait qu'invisibiliser (une fois de plus) un système d’oppression globalisé qui mutile l'humanité de ces capacités et de son évolution vers un état de paix, de conscience, de bien être et de justice.

 Ces fausses divisions, ces fausses différences sont des frontières qui n'ont pas lieu d'être. Les Etats Unis ont construit un mur entre leur territoire et le Mexique en recyclant des armes de la guerre du Golf: des chars. Ce mur, c'est la mort. Des réfugié.es politiques s'entassent sur ces rives et ne jouissent d'aucun droit alors que leurs pays les condamnent à la famine, que leurs enfants sont "de l'autre côté". Des centaines de milliers de personnes sont condamnées à l'errance, à la clandestinité alors qu'ils, elles n'ont commis aucun crime, aucun autre délit que celui de parcourir un territoire hostile sans être en règle avec une administration qui, de toutes façons, ne leur laisse aucune chance.

Alors que "l'etat nation" a été enterré par le libre échange, alors que les "démocraties" du "premier monde" agonisent sous les directives des traders; les premières puissances mondiales investissent des milliards en frontières physiques afin que la misère qu'elles créent n'atteignent pas leur territoire. On n'a pas vu de système plus insensé et inhumain que celui dont nous sommes témoin en ce jour.

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