EZLN: 20 ans de dignité rebelle.

 Il y a 30 ans, trois hommes -dont le désormais célèbre sous-commamdant Marcos- décidaient de fonder l'EZLN: l'Armée Zapatiste de Libération Nationale au Chiapas au sud du Mexique. Ils ont mis dix ans a créer cette armée de paysans, de paysannes "indigenas", achetant des armes au compte goutte avec l'argent qu'ils dépensaient jusqu'alors en alcool de bas étage. Dix ans dans la forêt Lacandone a recruter clandestinement, a incorporer les femmes, les jeunes, les vieux et les vieilles. Dix ans pour que les "sans voix" -ceux et celles qui crevaient dans le froid et le brouillard, sous le joug de gouvernements racistes et sanguinaires, écrasé.es par un capitalisme qui ne leur laissait comme avenir que la famine et la soumission- s'organisent et prennent les armes pour revendiquer leur autonomie face au "mal gobierno".

 1er janvier 1994, entrée de l'EZLN dans San Cristóbal de las Casas.

Le 1er janvier 1994, date de l'entrée en vigueur du Traité de Libre échange des Amériques -qui allait dépouiller une fois de plus l'Amérique latine de ses matières premières et saccager son territoire au profit de Monsanto et autres multinationales criminelles; un millier d'hommes et de femmes mal armé.es d'EZLN prennent par les armes 7 municipalités du Chiapas et déclarent la guerre au gouvernement de Salinas. Ils et elles ont jouit à leur grande surprise du soutien de la société mexicaine qui leur a cependant demandé de ne pas étendre le conflit armé à l'ensemble du pays, ce qu'ils et elles ont accepté.



 L'Etat mexicain a répondu par des bombardements, des exécutions sommaires puis a entamé la guerra sucia (la "guerre sale" ou "guerre de basse intensité") qui a consisté a affamé le peuple, torturer, faire disparaître et violer des milliers "d'indigènes" en rébellion au Chiapas.
Le massacre d'Acteal commandité le 22 décembre 1997 est malheureusement célèbre pour être le symbole de cette politique de la terreur: 45 civils _la majorité des femmes et des enfants- ont été brûlé vifs dans la petite église de leur village chiapanèque. Ces crimes sont toujours impunis à ce jour. Malgré cette répression sans précédent, les Zapatistes ont continué leur rébellion et leur lutte a gagné de l'ampleur.

La "guerre sale" au Chiapas: "El violín", 2005


  Depuis ces 20 dernières années, EZLN est soutenu dans le monde entier par des plates formes solidaires de militant.es qui visibilisent leurs actions non violentes et les soutiennent financièrement. Les Zapatistes ont fondé cinq "caracoles" indépendants autogérés, on compte à ce jour 27 villages autonomes zapatistes au Chiapas. Ils et elles ont créé leurs écoles, leurs hôpitaux, fait reculer la misère et sont autosuffisant alimentairement. Leur agriculture est organique et fonctionne en coopérative. Les communautés zapatistes vivent désormais mieux que les villages voisins qui subissent toujours le joug du gouvernement illégitime mexicain.
Sous commandant Marcos embrasse une vielle femme

 L'organisation paysanne suit les fondements de la réforme agraire d'Emiliano Zapata, c'est à dire qu'ils se sont approprié les terres qu'ils et elles cultivent. Les paysan.nes autonomes et organisé.es imposent leurs prix aux intermédiaires qui sont même parfois obligés de leur payer des taxes ce qui leur permet de survivre dignement de leurs récoltes. Notons que l'état du Chiapas est le plus pauvre du Mexique. On parle désormais de "modèle économique zapatiste", les auteur.es de l'ouvrage  Luchas muy otras: zapatismo y autonomía en las comunidades indígenas de Chiapas décrivent ce modèle comme "un processus endogène et diverse des priorités des communautés comme alternative à la soumission à la logique écrasante du capitalisme transnational".


Le 1er janvier 2014, EZLN a invité les anarchistes du monde entier à venir fêter cette grande victoire dans leurs "caracoles": leur existence et la permanence de leur lutte.


¡¡VIVA EZLN!! ¡¡VIVA CHIAPAS!! Y ¡¡VIVA MEXICO!!

13 photos emblématiques d'EZLN, auteur Pedro Valtierra: https://readymag.com/animalpolitico/18680/

Sources:
 Gloria Muñoz Ramirez, EZLN: 20 y 10, el fuego y la palabra, 2003.
                   
 Bruno Baronnet, Mariana Mora Bayo y Richard Stahler-Sholk. Luchas muy otras: zapatismo y autonomía en las comunidades indígenas de Chiapas , México: UAM-Xochimilco, CIESAS, UNACH, 2011.

 Zapatismo: la riqueza de la dignidad, La Jornada, 31 décembre 2013


Lire aussi en franÇais: Vous avez entendu?

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