"    Un jour, je te parlerai de ma vie. Ce sera à l’aube, face à une immensité d’eau, de vent, de sable ou de nuit. L’horizon, incertain de sa chance, se sera retroussé les manches. « Perdu pour perdu, je vais creuser, là, où je suis, puisqu’on m’a dit et redit qu’à l’endroit où sont tes pieds, dessous, il y a une source, forcément. Il suffit de creuser. Et je creuse. Dans le noir. Je creuse, au plus profond des ténèbres, je progresse non sans mal, longtemps, longtemps. A présent, je n’ai même plus peur. Pas pour autant résigné, non. Mon seul souci est de creuser, creuser encore. Et soudain, la voici, au sortir d’un goulet aveugle, où je manque m’étrangler, la voici, la grande lumière, déchirante, aveuglante… les couleurs s’entremêlent, se chevauchent, se pénètrent, se fécondent, me mettent au monde, je retrouve, je reconnais, j’y suis enfin, et là-haut soudain s’engendre une sorte de fibule immense, démesurée qui reproduit, comme à son corps défendant, l’architecture immanquable des lieux sacrés du culte que je n’aurais jamais du cesser de me rendre à moi-même… » Ainsi parla l’horizon avant de reprendre sa place, droit devant. Un jour, je te parlerai de ma vie."



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