"Une petite pluie choit sur toi multiple dispersée, cellule après cellule tu es touchée, l’eau tombe mollement, ta peau frappée multiplement se tend, tu te crispes, tes seins bougent, de longs mouvements te parcourent le long du dos à la gorge au plexus au ventre, j/e m//accrois, j/e tombe sur toi à coups redoublés, des éclairs d’orage m/e traversent, ta peau crépite, tout ton corps s’en va en eau, j/e m/épands sur toi du haut en bas, j/e coule en fontaine, j/e suis sur toi déversée à grand bruit, tout le cumolo-nimbus éclate, le brouillard d’eau s’étend, l’averse augmente, l’eau coule à longs jets en gouttes si pressées qu’elles sont insécables, il se fait des tourbillons en de nombreux endroits de ton corps, ta peau se creuse, son élasticité permet la formation de cratères, j/e roule enfin à gros bouillons sur ton corps, j/e m/e jette en  claquant sur tes épaules, j/e tourne autour des os iliaques, j/e fais entonnoir par-dessus tes seins, j/e brasse ton ventre où les mares à peine formées ruissellent et débordent sur tes flancs tandis que les yeux fermés les muscles tendus tu résistes de toutes tes forces, j/e  commence un cri bref, j//émets un cri brutal, j/e fais une modulation, j/e ulule, j/e deviens tout d’un coup un orage, j/e te menace. Toi tu sursautes alors, tu t’arrêtes, tu te meus, tu tentes de t’échapper, tu redeviens immobile, tu te démènes, mais déjà la foudre s’abat sur nous avec des éclats éblouissants, lumière lumière ton sang m/on sang aveuglent, ils débordent de leurs canaux, ils passent sur les yeux, les cœurs en même temps se mettent à battre aux clitoris."

Monique Wittig. Le corps lesbien. Les éditions de minuit, 1973. P.162-3.

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