Le féminisme, à l'heure actuelle, en France, est sur le point d'exister! Il ne sera pas un féminisme blanc. Il sera métis ou ne sera pas.
L'amphithéâtre est plein. On est venu-e-s écouter les conférences de Christelle Taraud, Sophie Bessis, Christine Detrez, Nacira Guenif Souilamas "Afrique du Nord : les représentations en situation coloniale et postcoloniale" suivi de celle de Wassyla Tamzali, Geneviève Fraisse, Chahla Chafiq, Eleni Varikas intitulée "Être féministe à l’époque du postcolonialisme et du postmodernisme".
Les voix se dessinent, ont soif de parole, veulent se faire entendre. On aborde l'orientalisme, le corps de la femme du Maghreb, sa disponibilité jusque dans l'imaginaire actuel français, le fantasme et le rejet. Elles dépatouillent l'histoire, l'anthropologie, la colonisation, le métissage, la "beurette" (terme désignant les femmes nées en France -donc françaises- issues de l'immigration maghrébine).
La "beurette", femme arabe uniquement française dont le corps est toujours sensé être disponible, en témoigne le moteur de recherche google qui ne les dirige que vers des sites pornographiques.
Il est temps de poser la question du métissage en France. Qui est "la femme française" aujourd'hui? Cheveux courts, frisés, teints, noirs, blonds, nous voilà... Étrangement, il n'y a aucune femme voilée lors de ce débat féministe... Cependant, comme l'ont fait les chicanas, les noires américaines, les africaines ou encore les féministes islamistes; les intervenantes de ce débat questionnent les différentes voies d'émancipation possible des femmes. Elles dénoncent le caractère évolutionniste du discours dominant occidental qui se veut garant du seul modèle de libération des hommes, puis des femmes , puis des femmes issues de l'immigration (toujours victimisées) auquel elles devraient obéir voire démontrer qu'il est le bon.
Je les écoute, incandescente.
Je les écoute et je comprends qu'on ne peut aborder la question du voile différemment. Un outil: l'ethnographie. Ecouter chaque voix puis les écrire et les enregistrer. Brutes. Dans un pays où l'on ne se parle pas, nous n'avons pas d'autre choix. Nacira (je suis fan) -sociologue et anthropologue "beurette"- mentionne la publication des premières thèses à Paris sur le sujet. Chaque voile témoigne d'une histoire différente, d'une revendication différente. Porter un voile à Téheran, à Beyrouth où à Lyon ne veut pas dire la même chose.
Effectivement, les mesures d'interdictions du port du voile menées par le gouvernement le plus oppresseur que nous ayons connu ces 50 dernières années ne font que renforcer les structures patriarcales dominantes sans jamais questionner l'autonomie des citoyennes auxquelles il s'adresse.
Mais je reste convaincue qu'on ne peut dénoncer l'oppression sarkozyste sans dénoncer l'oppression islamiste car je me fiche des masques des oppresseurs puisqu'ils ont la même cible: les femmes (et autres corporalités non-homme: la lesbienne, le gay, le trans, le/la pauvre...)
En écoutant Sophie Bessis -historienne franco-tunisienne du monde arabe- je retrouve les mêmes problématiques qui m'ont menées au Chiapas. Qu'est ce que cette image de la femme? Mais surtout, qui la façonne? Elle offre une riche analyse du rôle actuel des femmes dans le monde arabe. Violées par les colons, leurs hommes se les réapproprient puis leurs donnent une mission: "voila l'image de toi que tu vas donner au monde contre l'impérialisme". (Elle parle essentiellement de la Tunisie).
Mais c'est une image de "la femme" façonnée par l'homme où l'occident est réduit à un cliché. Il serait intéressant de faire un rapprochement avec le contexte actuel français. Le port du voile ne me semble pas être une revendication féministe parce qu'aucune religion n'a jamais pensé l'émancipation de la femme puisqu'elles sont toutes patriarcales.
Cependant il est urgent d'écouter ces femmes pour comprendre ce qu'il se passe dans le pays. Je pense sincèrement qu'on désamorcerait plusieurs bombes (par seulement sur les questions de genre).
L'amphithéâtre est plein. On est venu-e-s écouter les conférences de Christelle Taraud, Sophie Bessis, Christine Detrez, Nacira Guenif Souilamas "Afrique du Nord : les représentations en situation coloniale et postcoloniale" suivi de celle de Wassyla Tamzali, Geneviève Fraisse, Chahla Chafiq, Eleni Varikas intitulée "Être féministe à l’époque du postcolonialisme et du postmodernisme".
Les voix se dessinent, ont soif de parole, veulent se faire entendre. On aborde l'orientalisme, le corps de la femme du Maghreb, sa disponibilité jusque dans l'imaginaire actuel français, le fantasme et le rejet. Elles dépatouillent l'histoire, l'anthropologie, la colonisation, le métissage, la "beurette" (terme désignant les femmes nées en France -donc françaises- issues de l'immigration maghrébine).
La "beurette", femme arabe uniquement française dont le corps est toujours sensé être disponible, en témoigne le moteur de recherche google qui ne les dirige que vers des sites pornographiques.
Il est temps de poser la question du métissage en France. Qui est "la femme française" aujourd'hui? Cheveux courts, frisés, teints, noirs, blonds, nous voilà... Étrangement, il n'y a aucune femme voilée lors de ce débat féministe... Cependant, comme l'ont fait les chicanas, les noires américaines, les africaines ou encore les féministes islamistes; les intervenantes de ce débat questionnent les différentes voies d'émancipation possible des femmes. Elles dénoncent le caractère évolutionniste du discours dominant occidental qui se veut garant du seul modèle de libération des hommes, puis des femmes , puis des femmes issues de l'immigration (toujours victimisées) auquel elles devraient obéir voire démontrer qu'il est le bon.
Je les écoute, incandescente.
Je les écoute et je comprends qu'on ne peut aborder la question du voile différemment. Un outil: l'ethnographie. Ecouter chaque voix puis les écrire et les enregistrer. Brutes. Dans un pays où l'on ne se parle pas, nous n'avons pas d'autre choix. Nacira (je suis fan) -sociologue et anthropologue "beurette"- mentionne la publication des premières thèses à Paris sur le sujet. Chaque voile témoigne d'une histoire différente, d'une revendication différente. Porter un voile à Téheran, à Beyrouth où à Lyon ne veut pas dire la même chose.
Effectivement, les mesures d'interdictions du port du voile menées par le gouvernement le plus oppresseur que nous ayons connu ces 50 dernières années ne font que renforcer les structures patriarcales dominantes sans jamais questionner l'autonomie des citoyennes auxquelles il s'adresse.
Mais je reste convaincue qu'on ne peut dénoncer l'oppression sarkozyste sans dénoncer l'oppression islamiste car je me fiche des masques des oppresseurs puisqu'ils ont la même cible: les femmes (et autres corporalités non-homme: la lesbienne, le gay, le trans, le/la pauvre...)
En écoutant Sophie Bessis -historienne franco-tunisienne du monde arabe- je retrouve les mêmes problématiques qui m'ont menées au Chiapas. Qu'est ce que cette image de la femme? Mais surtout, qui la façonne? Elle offre une riche analyse du rôle actuel des femmes dans le monde arabe. Violées par les colons, leurs hommes se les réapproprient puis leurs donnent une mission: "voila l'image de toi que tu vas donner au monde contre l'impérialisme". (Elle parle essentiellement de la Tunisie).
Mais c'est une image de "la femme" façonnée par l'homme où l'occident est réduit à un cliché. Il serait intéressant de faire un rapprochement avec le contexte actuel français. Le port du voile ne me semble pas être une revendication féministe parce qu'aucune religion n'a jamais pensé l'émancipation de la femme puisqu'elles sont toutes patriarcales.
Cependant il est urgent d'écouter ces femmes pour comprendre ce qu'il se passe dans le pays. Je pense sincèrement qu'on désamorcerait plusieurs bombes (par seulement sur les questions de genre).
La conférence ici : http://php.bm-lyon.fr/video_conf/detail.php?id=487
ResponderEliminar;-)
Merci Gourdlife pour cette lecture suivie et tes précieux commentaires! Pardonne l'absence de traduction de ces derniers temps, j'avais besoin de me relier ;-) une grosse bise de neige!
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