"Que lindo es estar loco"
J'ai pu passer la frontière avec un couple d'Argentins qui a formé une grande caravane de 14 voitures depuis San Pedro de Atacama car on a du traverser le sud de la Bolivie pour parvenir a Salta.
Ces deux jours ont été intenses. L'asphalte n'est pas à l'ordre du jour vers Uyuni donc c'était long même si l'extraordinaire paysage qui se déployait sous nos yeux estompait les cahos de la route. La qualité humaine de ce voyage m'a profondément touché, les rires, les anecdotes et les confessions...
Nous avons passé la frontière argentine à la tombée du jour, la route jusqu'à Salta était bleue. La lune brillait haut, la végétation se faisait plus touffue, la silhouette des monts de la quebrada était superbe.
L'Argentine me déploie son grand tapis rouge. Je n'ai pas encore dormi à l'hôtel puisque les gens m'invitent... J'ai retrouvé Ina, mon amie que j'ai rencontré trois ans auparavant au Chiapas alors que je découvrais l'Amérique Latine. Elle vit dans une grande maison avec son mari et Bautisto, leur fils de deux ans.
Alors qu'on discutait avec son meilleur ami de la musique, il me dit en riant
"_Tu aimerais voir Silvio Rodriguez gratis?
_Biensûr!
_Je peux t'avoir une place dans le bus de la Cámpora qui va demain à Buenos Aires où il va jouer pour la fête nationale du 25 mai!"
Je me suis retrouvé dans un bus de militants du gouvernement Kirchner au milieu de leurs banderoles et de leur ferveur pour un mouvement politique dont ils participent activement depuis l'action sociale.
Buenos Aires était ensoleillée, ses bâtiments hausmaniens contrastaient avec les drapeaux indigènes du nord, la démarche nonchalente des porteños et le bleu clair du ciel d'automne. Je me suis éloignée avec un militant et j'ai goûté les meilleures empanadas de ma vie sur l'avenue de mayo. La foule était pressante, on s'est avancé comme on a pu pour pouvoir apercevoir Silvio qui était vieux et fatigué.
L'émotion était de taille malgré la foule et les nombreux drapeaux qui nous cachaient la scène. De vieilles rides souriaient, les enfants accompagaient leurs parents sur leurs épaules.
Le discours de Cristina a débuté sous les ovations. Il faisait nuit, les éclairages de la places étaient bien orchestrés. Une voix forte et sèche. Les gens l'aiment avec ferveur. On devine la similitude avec le couple de Evita et du général Perón lorsqu'elle évoque Nestor, son défun mari qui a assuré la présidence avant elle et combattu les anciens dirigeants de Videla. Certains pleuraient, d'autres scandaient des chansons. J'ai eu l'impression d'être au sein d'un grand mouvement social qui serait arrivé au pouvoir. Les gendarmes nous on donné à boire. Des milliers d'Argentins ont traversé ce pays pour dire au gouvernement qu'ils étaient contents!
Nestor et Cristina Kirchner
J'écoutais cette femme au milieu d'un peuple ému, las madres de la place de mai étaient présentes, c'était émouvant d'entendre une chef d'état fustiger les complices de la dictature militaire, les médias et les multinationales sans tomber dans le mépris.
Je l'écoutais et je pensais à l'Espagne écrasée par la corruption et la dépression, à l'Espagne qui se fait dépouillée et qui s'exile...encore une fois. Je pensais à Garzón qui a été mis sur le banc de touche parce que l'ouverture des fosses communes dans ce pays, vraiment, ca puait trop pour le Parti Populaire. Je pensais que peut être que les votes pourraient un jour changer les choses en Europe même si le discours productivistes et le culte de la personnalité en politique m'ont toujours mise sur mes gardes...
On est rentré à 22h, les militants étaient émus, moi, j'était contente. J'étais contente parce que j'ai vu la foi des gens dans un avenir meilleur, j'ai vu qu'ils avaient la parole, qu'ils étaient acteurs de leur histoire, qu'ils pansaient leurs blessures et j'ai senti leur soulagement. Et j'ai senti que ca, c'était juste. Même si le peuple est divisé, même si ce gouvernement fera sûrement des erreurs, ce qui se passe aujourd'hui en Argentine est essentiel aux démocraties du monde. Le gouvernement a restructuré la dette en refusant de payé les intérêts abusifs, ils payent donc 30 pour cent de ce qu'on leur exigeait sur une grande échéance ce qui a permis au pays de retrouvé la croissance vers une "économie sociale et solidaire". Le salaires minimum a été multiplié par mille, la pauvreté est passé de 57 pour cent à trois pour cent en l'espace de 10 ans (chiffres officiels qui sont surement gonflé).
De retour à Tucuman, j'ai rejoint Ina et sa famille dans leur grand jardin ensoleillé, savouré l'excellente viande argentine. Santiago était présent. Il est grand avec un sourire chaleureux et une chevelure poivrée. Il est parti d'Argentine à vélo à la fin des années 80 avec 20 dollards en poche en direction e l'Alaska. Il a mis 7 ans à traverser la grande Amérique...
J'ai ouvert une page du livre de ses aventures qu'il m'a offert et suis tombée sur cette phrase :" que lindo es estar loco!" soit "Comme c'est beau d'être fou" et j'ai sourit. Oui c'est beau d'entreprendre des choses impossibles, de vivre ses rêves et de marcher sur cette planète immense et accueillante à qui veut bien la regarder en face.
Récital de Silvio Rodriguez à Buenos Aires, 25 mai 2013
Super superbe, ton texte me rend heureux, et ce que tu y racontes. je t'embrasse. Dumè
ResponderEliminarMoi aussi je t'embrasse fort mon Dumé! Diffuse la bonne parole sur ton île de rebelles haha!
Eliminarca va t'intéresser: http://www.lepartidegauche.fr/actualites/actualite/jean-luc-melenchon-depute-europeen-recu-par-la-presidente-l-argentine-17323
ResponderEliminaril paraitrait malhureusement que ce gouvernement soit assez corrompu, Cristina Krishner a refusé de signer une loi du parlement qui protéger lesglaciers andins de l'entreprise canadienne Barrick Gold qui pollue a foison pour en extraireles minerait en redistribuant 1 pour cent des benefices aux argentins...de grands interets personnels en perspectives je suppose. Ils ont ausi adopté une loi favorisant le blanchiement d'argent de l'etat, l'officialisation de caisses noirs. Lepouvoir corromp lesplus purs disait Renaut.
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