Intime
A Gourdlife,
Y'a quand même un aspect de l'anthropologue dont on ne parle jamais. Sa vie privée. Comment fait on pour être amoureux et nomade? A t'on déjà pensé aux compromis réels que ça implique? Pourquoi aucun de nos profs, quel(le) qu'il soit n'a jamais abordé le sujet?
...Gourdlife, t'as une idée?
Y'a quand même un aspect de l'anthropologue dont on ne parle jamais. Sa vie privée. Comment fait on pour être amoureux et nomade? A t'on déjà pensé aux compromis réels que ça implique? Pourquoi aucun de nos profs, quel(le) qu'il soit n'a jamais abordé le sujet?
...Gourdlife, t'as une idée?
J'ai ouvert ce blog pour qu'il soit lu, pour qu'il soit une espèce d'innovation en matière de carnet de terrain, tu sais ce journal intime qui se veut scientifique... même toi dans ton dernier post t'y arrives un peu malgrè toi... l'intime.
C'est incroyable comme on nous a appris à tout dissocier. Vraiment, cette nuit j'y arrive pas. La vie est une malgrè ses mille facettes.
Oui c'est intime et je le traduirai pas. J'aurai pu t'écrire un mail mais j'ai envie d'aller jusqu'au bout de ce "terrain d'expérimentation trans-mondiste"que personne ne lit à part les potes, les amours et la famille. Genre pour avoir des nouvelles...
Y'a milles choses que j'ai envie d'étudier, d'apprendre. Je suis au bout d'un monde qui a pas de bord, j'aime et j'ai plus de pays depuis longtemps et putain, l'amour me poursuit, il est au fond de moi et j'arrive pas à me concentrer.
J'ai envie d'écrire des poèmes et de les publier sur la toile, en même temps j'ai envie d'être pro (quelle connerie!) et puis d'un coin sauvage où y'a pas internet.
Me débrancher. Vraiment. Prendre du recul, ne rien lire qui arrive d'europe, qu'un putain de coup de téléphone bouleverse pas mon existence... que tous les coups de speed ne s'envoient pas intantanément, enfin, tu vois quoi... Le mythe de l'âge d'or. On ne vit plus sans cette vitesse, sans ces flux de mots, d'ondes et de désirs...
Parfois dans ce tout cybernétique qui n'a plus de frontière, je suis vraiment perdue...
C'est incroyable comme on nous a appris à tout dissocier. Vraiment, cette nuit j'y arrive pas. La vie est une malgrè ses mille facettes.
Oui c'est intime et je le traduirai pas. J'aurai pu t'écrire un mail mais j'ai envie d'aller jusqu'au bout de ce "terrain d'expérimentation trans-mondiste"que personne ne lit à part les potes, les amours et la famille. Genre pour avoir des nouvelles...
Y'a milles choses que j'ai envie d'étudier, d'apprendre. Je suis au bout d'un monde qui a pas de bord, j'aime et j'ai plus de pays depuis longtemps et putain, l'amour me poursuit, il est au fond de moi et j'arrive pas à me concentrer.
J'ai envie d'écrire des poèmes et de les publier sur la toile, en même temps j'ai envie d'être pro (quelle connerie!) et puis d'un coin sauvage où y'a pas internet.
Me débrancher. Vraiment. Prendre du recul, ne rien lire qui arrive d'europe, qu'un putain de coup de téléphone bouleverse pas mon existence... que tous les coups de speed ne s'envoient pas intantanément, enfin, tu vois quoi... Le mythe de l'âge d'or. On ne vit plus sans cette vitesse, sans ces flux de mots, d'ondes et de désirs...
Parfois dans ce tout cybernétique qui n'a plus de frontière, je suis vraiment perdue...
Ma réponse sera un peu différente que dans le mail, tant pis on triche un peu mais l'essentiel est là ;)
ResponderEliminarTout d'abord, l'acte d'écriture est profondément intime. Un bon texte est un texte sincère. Et aucun bon écrivain ne sait à l'avance quelle émotion il va accoucher... C'est quand on croît savoir ce que l'on va exprimer que l'on se rate, qu'on sonne faux. C'est de l'improvisation.
Mais là je parle littérature, écrire de manière scientifique est encore autre chose, on est censé savoir où l'on va, on a fait une problématique, on a étudié le sujet, on l'a trituré dans tous les sens en espérant éclairer les gens... On se trouve intelligent.
Mais par expérience c'est quand je me suis trouvé bête, au bord de la faille que j'ai touché les gens, que je suis devenue juste dans mes propos...
En ce qui concerne la vie privée des anthropologues et des implications personnelles qu'induises ce genre de profession, je n'en est entendu parler qu'une seule fois en public et de manière anecdotique à la fin d'une conférence, c'est Maurice Godelier qui s'excusait presque auprès de sa famille de leur avoir fait subir sa carrière...
Par contre l'année dernière, nous avons interviewer Sophie Haberbüsch qui a fait sa thèse sur la professionnalisation des anthropologues. Elles abordent ce genre de sujet sur la plateforme ethnoweb : http://www.ethno-web.com
Dans cet article : http://www.ethno-web.com/articles.php?action=show&numart=77
Je cite : "Ceux qui forment la prochaine génération de chercheurs, sont dans une situation de précarité et d'incertitude. Une inquiétude permanente que nos formateurs n'ont pas vécu pour la plupart. Entre adulte et étudiant, une grande partie de l'élite intellectuelle est en mal de consécration et de reconnaissance non seulement scientifique mais plus encore sociale qui ne sait absolument pas ce qu'elle va devenir ou ce qu'elle va vivre. Combien de sacrifiés faudra-t-il encore compter pour que la situation change ? La vie du doctorant est un investissement personnel avant d'être intellectuel. Nomade dans la vie sociale, ceux qui arrivent en fin de thèse sont délaissés, célibataires parfois, sans enfant souvent."
Moi je crois comprendre que l'anthropologue professionnelle se trouve à un moment donné à faire le (non) choix de laisser sa vie personnelle de côté en faveur de sa carrière. Les causes sont elles seulement dues à la précarité ? N'y a t-il pas une incompatibilité fondamentale entre le travail de terrain, c'est à dire l'investissement personnel qu'il demande, et "vie privée" ?
C'est chaud... Heureusement j'ai pas le rêve de la famille avec les marmots et tout le tralala mais quand mème c'est chaud...
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