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CB 895 FC

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Peyotito, mi amor. Tu as été une bagnole sans précédents. Par monts et par vaux tu as bravé maintes fois les dénivelés alpins malgré ta carence en frein moteur et tes jets d'huiles incandescents. On se souvient de toi à Ville sur Ozon, où après descendre le Ventoux en folie, tu lâchais un beau nuage de fumées bleutées devant le bar des cyclistes hallucinés. Tu as savouré les vents de sables de la Méditerranée et embrassé ses bains de sels. On a fait 184000 kilomètres ensemble . Tu étais parfois un peu dur au fesses et aux reins mais qu'est ce qu'on s'est éclatées sous tes grandes fenêtres. J'aurais aimé savoir que tu finirais tes vieux jours squatté par des poules ensauvagées, et tu méritais bien un baptême aymara devant l 'église bolivienne de Copacabana, ou tes consoeurs se font bénir avant de prendre la route avec leurs nouveaux passagers. Tu as fait le tour de la péninsule Ibérique, biensûr, et arpenté les routes communales de France comme peu d'engins m

Quarantaine

Les chemins de travers, promesse de lumière. La fuite est encore possible, fine et étroite. Elle a souvent le visage d'un chemin sous la lumière, d'un sourire de voisinage. La police habite le monde, et nous, les voyons atterrés, peureux, béats, ébettés. On n'a rien compris de ce qu'on savais déjà. C'est arrivé. Ce que nous redoutions et espérions est arrivé. Nous sommes cloués sur place, impuissants. Le monde s'est arrêté pour nos sociétés malades. On redoute que tout recommence comme avant et en même temps nous avons besoin de sortir de cette turpitude.

No man's time

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J6. J'ai rêvé cette nuit que je nageais au grand large. Au réveil, j'ai renversé ma tasse de thé froid dans le lit. Amerrissage. Dans la rue de l'église du village, la résistance s'organise. Les petits gestes de rien nous empêchent de devenir fous. Le voisin continuera de sortir son chien et son déambulateur deux fois par jour. Alice arrose ses plantes ensoleillées plus que de coutume, elle amène toujours le café à Monsieur Audiard qui ne marche presque plus. J'irai étendre le linge derrière l'église. Le matin, nous parlons fort. Ca piaille aussi chez les oiseaux. Nous parlons fort et ça nous rassure. En ouvrant la fenêtre, ça sent la cuisine portugaise. Ce matin, j'ai sorti ma chaise de camping au soleil d'en face. J'ai traversé la rue, à l'ombre du laurier magnifique qui a fini d'envoyer ses graines aux quatre vents du printemps. J'entends Denise qui s'affole dans la cuisine. Je regarde notre petite maison ombragée qui

Ofelia Medina

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Ofelia vista por Paulina Lavista Mes yeux s’écarquillent à la vue de cette photo que j'avais oubliée. ça a été un de mes premiers contact avec le Mexique. Nous avons cohabité deux ans. Elle m'évoquait un drôle de sentiment, elle me dérangeait, sa beauté me mettait mal à l'aise. Laura m'avait dit qu'il s'agissait d'une prostituée mexicaine de 17 ans... "T'as vu Ofelia quand elle était jeune? Ofelia, que je t'ai présentée au Théâtre à México, celle qui a mené l'oeuvre de Frida à la postérité! Le premier film de Frida, c'est elle!" Denise me montre cette photo sur l'écran de son téléphone, toute excitée... Ofelia est une des plus grande actrice mexicaine encore en vie. J'ai été époustouflée de la voir sur scène, elle m'a embrassé en fin de représentation. En fait, c'est elle qui nous a invité voir sa pièce ce soir là. Nous n'avons même pas payé... Elle a combattu auprès des Zapatistes et a lutté toute sa v

Un an

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--> "Mamie est morte. Denise est partie prendre un avion, puis deux, puis trois. Course folle aux papiers. Moi je roule des centaines de kilomètres. Je dors, je pleure, je l'attends. Demain, j'irai bosser dans un décor de glace subliminale. Comme un corbeau déplumé par un chat de salon. J'ai la tête qui tourne et je ne bois plus. Ça, pour le coup, ça fait flipper. On a brûlé son corps congelé. Son fils a couru derrière son cercueil. Il titubait dans sa terreur. Ses poumons ont débloqué, comme à chaque fois qu'il l'a voyait Sauf que là il l'aimait, comme un fou. Et qu'il ne la reverra pas. Ma femme m'a accompagné toutes ces semaines cauchemardesques. Je suis devenue folle sans m'en rendre compte. Ça m 'a cisaillé le cœur, l'enfance et même l'adolescence l'AVC de mamie. De vieilles blessures se sont rouvertes, d'un coup, le sang a giclé du divorce de mes parents. On m'a recoupé de mon frère, j'ai pleuré