Mexique: 43 étudiants portés disparus.
"Vous les avez emmenés vivants, rendez les nous vivants"
Ce sont 43 étudiants de l’Ecole Normale Rurale d’Ayotzinapa qui ont disparu le 26 septembre 2014 après que la police d’Iguala dans l’Etat du Guerrero ait ouvert le feu sur leur autobus. La dernière fois qu’on les a vu, des dizaines étaient embarqués dans des fourgons de police. Six fosses communes contenant 20 corps calcinés plonge le Mexique dans la révolte et l’horreur.
Quatre vingt étudiants de l’Ecole Normale Rurale
de Ayotzinapa manifestaient contre la réforme de l’enseignement à Iguala. Ils
tentaient aussi de récolter des fonds afin de rejoindre le cortège de México
qui s’apprêtait à commémorer le 48ème anniversaire du massacre d’étudiants
perpétré par le PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel de nouveau au pouvoir
en ces heures sombres) le 2 octobre 1968 dans la capitale mexicaine où 1500
manifestants n’ont jamais réapparu après les 29 minutes de fusillade incessante
de l’armée sur la place Tlatelolco.
Les étudiants de l’Ecole Normale âgés de 16 à 33
ans ont quitté la manifestation en bus. La police leur a coupé la route, trois
jeunes sont sortis pour négocier le passage. Le premier est tombé net, une
balle dans la tête. La police a mitraillé les bus faisant deux autres morts et
25 blessés. Ils ont ensuite canardé un bus de joueurs de foot locaux faisant
trois autres morts.
Des témoins on vu des dizaines d’étudiants se
faire embarqués dans des camions de polices fédérale (équivalent de la police
nationale) et municipale. 57 étudiants ont été porté disparu, 14 ont réapparu.
Le flou médiatique s’est alors installé : « 6 corps de vagabonds ont
étés retrouvés calciné »… « le maire a pris la
fuite »… »deux membres du narcotraffic avoue avoir tué 17
étudiants »… « une fosse commune contenant plus de 20 corps calcinés
a été retrouvée »… »un corps d’étudiants de l’Ecole Normale a été
retrouvé mort…sans visage, les yeux arrachés »… « un membre du cartel
Guerrero Unido aurait ordonné le massacre »... »les parents attaquent
la mairie à coup de coktail molotov ».
L’histoire fait du bruit et dépasse les
frontières. 22 policiers municipaux sont arrêtés. Hier au soir, une banderole
déployée à Iguala s’adressant directement aux gouvernements fédéral et de
l’Etat du Guerrero met en lumière le pire des scénarios :
« Nous
exigeons la libération des 22 policiers mis en examen. Nous vous donnons 24
heures pour les relâcher, sinon, attendez vous a en assumez les conséquences.
Nous commencerons par divulguer les noms des gens qui nous soutenaient au sein
du gouvernement…la guerre a commencé : Guerreros Unidos ».
(Guerreros unidos est un cartel de la drogue qui a fait scission avec un des
deux plus grands du pays en 2011.)
Depuis que Calderon a déclaré la guerre aux cartels
de la drogue du Mexique (sauf à celui du Chapo Guzman qui a financé sa campagne),
80 000 Mexicains ont trouvé la mort. Des dizaines de fosses
communes voient le jour dans tout le pays. Les enlèvements, le trafic de
personnes, les disparitions forcées ont redoublé afin de renflouer les caisses
et de financer la guerre des cartels attaqués. La violence s’est décuplée, a
pris de nouvelles formes. Des dizaines de milliers de migrants centre
américains servent de chair a canon dans cette guerre sans nom, leur transit
par le Mexique vers la terre promise est devenue la plus dangereuse route du
monde (une moyenne de 20 000 disparus tous les 6 mois depuis le début de la
guerre, selon la Commission
pour les Droits de l’Homme au Mexique. Le visage de cette guerre est similaire
à celui de l’holocauste.
Même le langage n’a pas imaginé de mots pour
décrire une telle situation d’horreur, de violence, d’impunité, de
pourrissement de toutes les sphères de l’Etat et de la société. La population
mexicaine est prise en otage depuis maintenant 8 ans sans que la communauté
internationale ne lève le petit doigt. La situation est devenue insupportable
et a atteint un point de non retour.
Des centaines de milliers de morts de tous bords
restent sans sépultures, les plus hautes sphères de l’Etat sont impliquées dans
des massacres de masses et travaillent main dans la main avec des bourreaux qui
sont prêts à tout pour passer de la drogue aux Etats-Unis, qui profite d’une
telle situation pour piller davantage une terre qui recèle toutes les richesses
(pétrole, uranium etc…)
Comment faire ? Que dire ? Le silence
est la pire des insultes non ?
Lien : Pétition pour que la découverte de trois fosses communes de migrants découvertes dans le nord du Mexique soit soumise à enquête :https://secure.avaaz.org/es/petition/Lic_Jesus_Murillo_Karam_Procurador_General_de_la_Republica_Desclasifique_investigaciones_de_masacres_de_personas_migrant/?nxWlrib
Sources :
http://www.jornada.unam.mx/2014/09/30/opinion/021a2pol
http://desinformemonos.org/2014/10/la-masacre-de-normalistas-es-un-mensaje-de-estado-padre-solalinde/
http://www.sinembargo.mx/06-10-2014/1135988
http://www2.gwu.edu/~nsarchiv/NSAEBB/NSAEBB201/index2.htm
http://www.redpolitica.mx/estados/quienes-son-los-guerreros-unidos-presuntos-agresores-de-estudiantes
http://www.maspormas.com/opinion/columnas/las-causas-de-la-masacre-de-iguala-por-diegoeosorno
http://cencos.wordpress.com/2013/11/29/inicia-ix-caravana-de-madres-centroamericanas-buscando-a-sus-hijos-desaparecidos-en-transito-por-mexico/
http://www.monde-diplomatique.fr/2014/03/MILL_ACKERMAN/50153
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